Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/134

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celui qu’elle aime. Moi, plus qu’une autre, j’ai besoin de ne jamais être méprisée. Ainsi je vous demande de m’aider à sauvegarder cette seule forteresse d’où je puis me défendre contre tant d’ennemis.

« L’honnête femme ! Ce mot me paraît quelque chose de si grand, de si fort, de tellement saint, qu’il est pour moi le but d’une immense ambition, et que la gloire m’en domine entièrement. Telle est la rivalité qu’il vous faudra accepter.

« Si je vous parais égoïste, dure, froide ; si c’est un sacrifice que vous trouvez que j’exige, eh bien aimez-moi égoïste, dure et froide, et faites ce sacrifice. Je ne doute pas de vous, mon ami.

« Je viens de me relire, je suis effrayée, ce n’est pas là ce que je voulais vous dire. Qu’ai-je donc à tracer, à demander à l’homme auquel j’appartenais ce matin et qui m’a respectée ? Ce que vous ferez sera bien fait, je suis entre vos mains, mais ne vous contenterez-vous pas d’une pauvre âme tourmentée et qui n’a plus rien de caché pour vous ?

« Je suis incohérente, je vous envoie ma lettre, tout ce qu’elle contient est bien ce que je sens, ce que je désire. Votre servante, seigneur, vous supplie de remettre le calme dans son esprit troublé. Ne riez pas de moi. Comprenez-moi et venez me dire que j’ai raison. Ou plutôt venez me dire que je ne vous afflige pas. Venez demain matin, Charlotte y sera. Venez dans l’après-midi, je serai seule, pensant à vous. »

Des phrases entières étaient raturées, mais on pouvait les lire sous la barre qui les couvrait ; ainsi qu’ai-je