Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/157

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me perdre, qu’est-ce que cela vous fait ? Moi seule suis intéressée aux suites. Je les ai pesées. Elles sont légères auprès de ce qui m’oppresse maintenant. Toutes les femmes courent avec joie vers ce qui nous fait reculer, vers le vrai amour. Je suis au désespoir, je deviens malade, je n’ai plus la tête à moi, je ne sais ce que j’écris. Je sens toujours votre main qui me repousse, j’entends vos menaces, et je vois cette porte funèbre et odieuse qui se ferme entre vous et moi. Et je crains que vous ne soyez plus mon ami. Votre retraite depuis plusieurs jours, ce visage glacé, ces yeux et ces mots violents ! Je tremble. N’ai-je pas tant de fois entendu parler de ce dégoût, de cette lassitude qui saisit brusquement les hommes et qui est irrévocable.

« Non, je ne puis continuer à vivre ainsi. Je suis venue trop tard, vous ne vouliez plus de moi. Vous croyez que je suis une créature glacée et ennuyée, qui a cherché une distraction et a joué avec vous. Délivrez-moi de ces pensées. Venez à moi, puisque, lorsque mon cœur est épuisé, vous ne voulez pas que je coure à vous. Savez-vous ce qui arrivera ? Je me dénoncerai moi-même et je mourrai sans avoir été aimée, sans les joies qui rendent indifférente au malheur. Je vous haïrai autant que je vous aime, et pour vous punir je dirai que j’ai été adultère. Je mentirai assez pour être crue.

« Je dirai partout que je suis votre maîtresse. Je veux l’être maintenant. Je vous ai demandé toujours le contraire, mais savais-je les tortures que je me préparais. Que dira-t-on ? que fera-t-on ? On dira : qu’est-ce