Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/158

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donc que l’amour ? puisque cette femme, qui se vantait de n’y point céder et nous méprisait, s’en fait gloire ! Oh ! que je suis attendrie maintenant par toutes ces pauvres femmes pour lesquelles j’avais tant de dédain. Que j’ai été aveugle, ignorante et injuste ! Combien elles valaient mieux que moi, et comme je comprends leur sérénité et leur triomphe au milieu des cœurs inanimés, comme était le mien !

« Oui, je me démens. Je vous parais peut-être indigne, absurde, folle. Oh ! croyez bien, mon Philippe bien-aimé, que vous êtes tout pour moi, que rien ne m’appartient plus, je suis à vos pieds. Maintenant, dédaignez-moi ou aimez-moi

« Pourquoi m’avez-vous renvoyée, pourquoi ? »

Chaque mot semblait avoir été écrit avec un spasme.

Allart tremblait en lisant, atterré et soulevé à la fois. Certes, il y eut un moment où il fut prêt à s’élancer pour aller saisir dans ses bras celle qui rappelait si passionnément. Mais le sentiment qui l’avait poussé à renvoyer Françoise était encore là intact. Une idée de respect, plus forte que toute ardeur, l’épouvante profonde d’un blâme quelconque pour elle, le spectre de l’avenir ! La faiblesse de Mme du Quesnoy lui montrait la sienne propre, et toutes deux si misérables qu’il en eut une nouvelle colère contre elle, contre lui, et qu’il la mit toute dans sa réponse qui fut brève :

« Oui, vous êtes une folle, une pauvre et misérable folle. Vous n’avez ni raison ni courage. Il vous faut un chirurgien brutal. Votre lettre me consterne, me blesse et me rendrait fou aussi. Je ne veux pas que