Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/160

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— Porte vite cette lettre, lui dit-il, saisissant l’occasion comme une branche de salut que la moindre hésitation pouvait faire perdre.

— Où ?

— À l’adresse, à la poste, n’importe. Va ! s’écria Allart en homme épuisé par son dernier effort.

Reconnaissant le bien que lui avait fait cet effort, il le continua cependant et se mit au travail, qu’il aborda avec une lucidité particulière et nerveuse en quelque sorte. Il ne s’arrêta que très tard, sous la fatigue.

Quant à Françoise, elle n’avait pas dormi, inquiète de son côté aussi de sa lettre et des cris de passion qu’elle avait laissé échapper, car elle l’avait écrite au milieu d’un tel désordre d’esprit, qu’elle ne se rappelait point exactement ses propres phrases.

La réponse d’Allart lui arriva à neuf heures du matin, au moment où elle était dans une espèce d’abattement.

Le premier mouvement fut d’indignation. Puis elle la relut avec soin, et les phrases sèches et rudes d’Allart la frappèrent comme autant de coups de marteau salutaires qui firent rentrer dans sa tête toutes les pensées d’énergie.

— Il a raison, se dit-elle, mais avec découragement. Il a raison, s’écria-t-elle une seconde fois avec plus d’élan, c’est lui qui aime !

Elle se promit d’attendre courageusement que s’écoulassent les quelques jours de pénitence qu’il lui infligeait.

Et puis lentement, une à une, rentrèrent dans son