Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/159

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vous m’aimiez ainsi. Je veux que vous vous rappeliez combien de fois vous m’avez supplié de vous épargner les regrets, les remords, les terreurs, les hontes de l’avenir. Je l’ai fait et vous m’en récompensez très mal. Je le ferai néanmoins toujours, c’est mon devoir. Je vous engage à méditer ce mot que vous oubliez. Les femmes ne peuvent tenir une résolution. Je ne vous verrai pas de plusieurs jours, et surtout pas avant que vous ne m’ayez écrit raisonnablement.

« Ne vous méprenez pas plus sur le sens de ma lettre que sur celui de ma conduite quand vous avez eu la folie de venir. Celui de nous deux qui aime le plus l’autre, il n’est pas probable que vous le compreniez. Tant pis pour moi. »

Il plia brusquement la lettre, la cacheta brusquement. Il aurait voulu l’envoyer sur-le-champ. Une seconde après il eût voulu y ajouter quelques mots tendres.

« Pauvre femme, se dit-il. » Et il songea à écrire tout autre chose, car son cœur éclatait à la pensée des secousses qui avaient dû amener Françoise à cette espèce de délire.

Puis, se sentant envahi par les flots déracinants contre lesquels il avait tant lutté : Ah ! s’écria-t-il, j’avais reconquis une sorte de tranquillité, et il a fallu qu’elle vînt la détruire !

Enfin, il allait sortir, ne sachant pas s’il mettrait la lettre à la poste ou s’il se rendrait chez Mme  du Quesnoy. Un petit garçon qu’il avait à son service se trouva n’être pas encore couché.