ment délivrée. » La lettre continuait sur un ton singulier, un peu mystique, légèrement exagéré, où il était question de leurs âmes captives qui s’échappaient de leurs prisons de chair pour aller converser l’une avec l’autre. Il y avait ces passages :
« Il me semble quelquefois qu’un parfum très doux et inconnu se répand autour de moi, que le jour est plus brillant, qu’une clarté particulière se montre, qu’une fraîcheur comme celle d’un imperceptible battement d’ailes arrive à mon front ; je suis toute joyeuse et je me dis : L’âme de Philippe est là.
« Oh ! mon ami, ce sont ces âmes si tendres, si éprises du bien, si sensibles, si attentives à notre bonheur, qu’il faut aimer en nous, et il faut assouplir l’autre être grossier, qui les méconnaît, à les adorer, à leur obéir.
« Vous ne pouvez croire dans quel ravissement je suis depuis que je contemple et admire la vie de l’âme, et combien je suis étonnée de ne pas l’avoir aperçue plus tôt, et combien je m’en veux d’être ainsi restée aveugle et sourde devant la plus chère de mes consolations à présent !
« Vous m’aimerez mieux ainsi, mon bon, mon grand Philippe, n’est-ce pas ? Je vous attends avec le doux charme de penser que je reverrai votre visage rayonnant, vos bons yeux, votre excellent sourire. »
Le pauvre Allart avait passé ces quelques jours sans vivre, sans se sentir exister. Il avait défendu de toutes ses forces sa pensée à Mme du Quesnoy, se plongeant du matin jusqu’au soir dans le travail, suppliant pres-