Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/197

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devant les yeux Joachim en face de lui avec une épée !… Quelle singulière visite ce serait !

Une même idée les arrêta tous deux. Ils auraient à se contraindre devant lui, à dissimuler.

Ils le tromperaient ! Que devenait leur culte à la loyauté ?

Mais l’éternel sophisme du désir et de l’orgueil répondit sur-le-champ : Non, il n’est pas trompé. Il n’est point admis à l’association d’esprits supérieurs, d’âmes plus hautes, de cœurs plus nobles, voilà tout.

Ce salon était devenu comme le témoin obligé de leurs réunions. Ils eussent été dépaysés ailleurs. Et puis c’était se déclarer coupables que de battre en retraite et reconnaître un droit à Joachim. Or ils n’étaient pas coupables.

— Nous nous verrons chez Charlotte pour nous dire ce que nous ne voudrons pas qui soit entendu, reprit Allart.

— Et d’ailleurs qu’y aura-t-il de changé entre nous ? Ne savez-vous pas qu’il se sentirait mal à l’aise dans notre région d’idées et qu’il ne sera jamais avec nous, ajouta Françoise. Et, grâce à Dieu, nous n’avons rien à nous reprocher, continua-t-elle du ton qui témoigne que l’on s’agite contre de secrètes objections.

— Et cependant, dit Allart, que pensera-t-il de me voir introduit ici depuis son absence ? Ne nous soupçonnera-t-il pas ?

— Soupçonner, s’écria Françoise, soupçonner ! et quoi ? que soupçonnerait-il ? Il n’en a pas le droit. Je suis, je veux être libre de vous aimer. Oui, mon esprit