Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/198

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est libre. Nous avons été assez forts, assez courageux, reprit-elle plus bas, pour avoir gagné de ne rien craindre. Vous me l’avez dit vous-même, Philippe, rien ne nous séparera.

— Si je ne craignais de grands tourments pour vous… commença Allart, l’œil fixe comme s’il regardait en avant, dans l’avenir.

— Oh ! ma vie en a toujours été faite, interrompit vivement Françoise. Je ne les redoute pas, ne vous en inquiétez point.

Allart était soucieux, assombri.

La sécurité que voulait se donner Françoise, il ne pouvait l’avoir.

— Il serait pourtant plus prudent, dit-il d’un ton presque sourd, de ne nous voir que chez Charlotte. Vous pouvez bien sortir tous les jours…

— Mais Charlotte sera toujours avec nous, ou bien nous la chasserons de chez elle. Si nous nous cachons, on peut tout croire, dit-elle avec une sorte de dépit plaintif.

— Et croyez-vous que je puisse être constamment ici, et qu’il supposera que c’est ma sympathie pour lui qui m’amène ?

Elle le regarda avec découragement, se disant : Nous n’aurons donc plus ces belles, ces bonnes heures que nous passions ici. Il ne s’assoira plus près de moi, devant cette table !

— Mais vous ne savez pas, s’écria-t-elle, que ce n’est plus un homme, et qu’à l’heure qu’il est, il a peut-être volé !…