Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/246

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— Et le sieur Allart ? eut envie de dire Joachim. Puis il ajouta mentalement : Le monde appartient à ceux qui plient et qui attendent.

— Je pense que je n’aurai pas de grands efforts à faire pour cela, répondit-il en adoucissant la raillerie dont il se sentait rempli.

— Vous ferez sagement, dit Françoise, de renoncer à la diplomatie active qui vous entraînera toujours à de grandes dépenses. Obtenez un poste ici dans le ministère. Remplissez-le dignement. Au lieu de desservir vos amis, faites qu’ils s’habituent à trouver en vous un homme sûr. Soyez économe. Dans quelques années…

— Je ne suis pas tout à fait de votre avis, quant à la diplomatie, reprit Joachim, se décidant à une attitude de bonne grâce courtoise ; cependant je ne vous demande que quelque temps pour m’y ranger probablement, si je suis convaincu de l’impossibilité d’agir autrement. Votre mère a les mêmes idées que moi, et l’on peut avoir quelque confiance dans son jugement.

Eh quoi ! se dit Françoise tout à coup, je combine les choses de l’avenir, avec lui, comme si Philippe n’existait plus et ne devait pas avoir toutes mes pensées. Elle se sentit désolée, découragée, et ne dit plus rien.

— À quoi pensez-vous ? demanda Joachim avec une sorte d’affectueuse douceur.

— À rien d’intéressant, répondit-elle d’un ton mélancolique.

— Vous paraissez triste, reprit-il, sont-ce toutes ces affaires qui vous tourmentent ?