Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/247

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Sa voix était pleine d’intérêt et presque d’affliction. Les consolations de Joachim déplurent à Françoise.

— Non, non, dit-elle avec un mouvement de réaction.

— Vous devez être fatiguée. J’aurais voulu vous épargner ces comptes, ces détails, mais vous…

Elle l’interrompit.

— Je suis allée voir mourir une pauvre femme ce soir, voilà ce qui m’a affectée.

Quel mensonge ! pensa Joachim, elle est allée chez lui et c’est lui qui est son conseiller, il sait, il dirige toutes mes humiliations. Un flot de fureur passa à travers ses veines. Mais les affaires le tenaient garrotté. Je ne dois pas m’occuper de cet homme, se dit-il, ou je ne suis capable d’arriver à rien. Il arrêterait tout mon avenir. Et pourtant, revenait-il en lui-même avec violence, un coup d’épée est vite donné, et je saurais le donner. Mais les suites ! cette femme me tient…

Voyons, je puis d’ailleurs me tromper sur leur compte. Et enfin, ruiné, laissé dans un coin, je suis plus ridicule et plus déconsidéré que… Eh ! non, c’est trop ! cette femme me prend donc pour un misérable mannequin, sans volonté, sans nerfs. C’est par trop stupide et je le leur ferai voir. Ils me regardent comme un niais ! Soit, je serai un niais jusqu’à ce que mon jour vienne !

Les réflexions, de part et d’autre, avaient pris un temps assez long.

— Je conçois l’effet pénible qu’a dû vous produire ce régal d’une mort pour votre soirée, dit Joachim, repo-