Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/27

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— Vous traversez la vie sans rien voir, sans agir, continua la vicomtesse.

Françoise ne voulut pas supporter plus longtemps les impertinents reproches de Laure.

— Votre frère est un homme perdu, dit-elle avec une certaine violence. Quoi qu’il fasse, il est perdu !

— Et vous désirez qu’il se perde ! Pourquoi ne dites-vous pas à votre mère qu’on donne à Joachim cette mission diplomatique dont on parle depuis si longtemps. Vous vous y opposez probablement. Qu’on l’arrache à Paris ! Vous n’avez aucun souci que de vous.

— Cela suffirait pour être une garantie. Je ne m’opposerai pas à ce que votre frère parvienne ; mais je ne l’y aiderai point. À moins qu’il ne change radicalement.

— Mais voulez-vous donc qu’on vous le façonne selon vos caprices ? Vous êtes l’obstacle de sa vie !

— Je suis l’obstacle de sa vie ! répéta Françoise indignée ; l’obstacle à ses mauvais instincts, oui, je le serai toujours !

— Oh ! dit la vicomtesse dont les traits s’enflammèrent, qu’avons-nous besoin de votre pédantisme ? Que vous ayez bonne opinion de vous-même, cela prête uniquement à rire ; que vous osiez dire toujours du mal de votre mari, c’est le comble de la folie et de la méchanceté. Eh bien, je suis ravie de vous voir vous expliquer. Nous savons maintenant qui vous êtes… mais ne venez pas vous plaindre plus tard !

— Votre frère, dit avec une raideur froide et menaçante Mme du Quesnoy, n’aura pas de plus ferme sou-