Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/272

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dire comme s’ils lui formaient une réserve pour l’avenir. Quant au présent, c’était un fiel qui restait sans emploi. Joachim, les yeux fixés sur le bleu brûlant du ciel d’été, attendait à l’horizon le nuage qui allait apporter ou l’orage ou une rosée fécondante.

Ce nuage ne tarda pas à se montrer, et d’un aspect fâcheux.

La faillite scandaleuse d’un banquier auquel était associé un assez haut fonctionnaire, réveilla le souvenir de l’affaire de Joachim. Les journaux opposés au gouvernement se plaignirent vivement du peu de moralité du monde officiel et firent allusion aux gens compromis dans la déconfiture du courtier Niflart.

À partir de ce jour, le visage de Joachim prit une teinte terreuse qui ne s’effaça plus. Il avait senti qu’il ne s’en relèverait pas.

Un matin la baronne le manda.

— Je crains, dit-elle, que ces infâmes bavards de journalistes ne nous aient porté un coup terrible. J’ai été complétement repoussée dans les deux ministères. La demande de votre monsieur Popeland est écartée. Et quant aux affaires étrangères, si j’ai encore quelque espoir, il est bien faible.

Elle était consternée.

— Je dois donc payer pour les fautes des autres ? s’écria-t-il avec colère.

Un soir, comme il était resté avec sa femme et Allart, et que, malgré ses efforts, son souci était visible, Allart, qui l’examinait de temps en temps, le surprit fixant sur eux des yeux très méchants. Mais la physionomie