Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/277

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La campagne était terminée, Waterloo perdu. Joachim revint chez lui avec la pensée d’une abdication totale. Plus d’efforts, plus de calculs, plus d’espérances, plus d’actions : une inertie complète. Sa femme, et les autres, feraient ce qu’il leur plairait quant à lui, il fumerait des cigares en contemplant les persécutions du sort sans s’y opposer.

À quoi servait de lutter pied à pied, d’avoir de l’énergie, de la vaillance, de l’invention, de l’esprit, de l’élégance et de grands désirs ? La stupidité de la fortune aveugle ne tenait aucun compte de ces qualités des vaincus. Et elle faisait passer impitoyablement sa roue sur le corps du plus courageux, du plus héroïque. Eh bien, il n’y avait plus qu’à vivre dans la fierté silencieuse d’un vaincu qui n’a succombé qu’à des coups extraordinaires.

Un instant après, Joachim supputait ce que produirait la vente du mobilier, mais alors ses pensées se retournèrent avec violence vers l’intérieur de cette maison qu’il allait falloir abandonner ; cette maison, témoin de la splendeur et des triomphes, elle était empoisonnée, remplie d’une atmosphère funeste et ensorcelée depuis que sa femme y avait introduit l’homme qui s’appelait Allart.

Il éprouva un âcre plaisir maintenant à se trouver souvent avec Françoise et Allart, à surprendre des signes qu’ils échangeaient, à entendre des paroles imprudentes. Ses instincts de comédie y trouvaient leur compte en même temps que sa colère. Il était heureux de penser qu’il les conduisait à sa guise, pas à pas, vers