Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/302

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Elle lui tendit la main.

Dans la rue, Françoise savoura presque avec délices le soulagement qu’elle éprouvait. Et quand elle se croisait avec quelque femme jeune, élégante, elle avait envie de lui dire : Êtes-vous heureuse comme moi ? je croyais l’avoir perdu, et il m’est rendu !

Elle alla prier dans une église.

En sortant de l’église, Françoise se dit : Maintenant où irai-je ? Pour être digne de Philippe, je dois être prudente et courageuse. Il vit et il m’aime ! Qu’est-ce que les ennuis qui m’attendent, la séparation, la prison peut-être ! Car je me défendrai non pas follement, comme je le pensais ce matin, mais selon mon droit, selon le respect de moi-même.

Elle songea alors que, devant l’abbé et le médecin, elle avait mis son âme à nu, mais elle n’en avait pas honte. Ils soignaient et sauvaient Allart, ils comprendraient celle qui l’aimait. Ils étaient associés tous trois par une tâche commune, par le même lien.

Où aller ? chez Charlotte, son désir l’y entraînait, elle avait là le plus doux des asiles. Mais un refuge auprès de sa mère serait une plus imposante présomption en sa faveur, si la lutte continuait avec Joachim.

Pourquoi une mère n’accueillerait-elle pas sa fille, lors même que celle-ci serait coupable ? Françoise, elle, aurait bien eu pitié d’une étrangère jetée ainsi hors de sa maison, et menacée d’afflictions plus grandes encore. Combien l’appui maternel lui serait précieux, et comment n’y pas compter quand la tendresse divine s’était déclarée ! Sa mère était sage, droite, respectée. Elle