Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/325

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Elle n’osa pas. Elle revint se plaindre à Charlotte, gémir, désolée et irritée à la fois, de cette calamité inattendue, la plus cruelle de toutes.

Mlle Guay la consola. On enverrait tous les jours deux fois demander des nouvelles d’Allart et on prierait Jean de venir en apporter de détaillées, de temps en temps. C’était un homme de confiance. Aussitôt qu’Allart irait mieux, il écrirait, on combinerait des entrevues en l’absence de ses parentes.

— Une étrangère peut aller chez lui et moi je ne le puis ! répétait Françoise avec angoisse.

— Cependant, disait Charlotte, tu ne te désespères pas à l’idée d’être arrêtée et séparée de lui pour un temps bien plus long.

— J’ai fait provision de forces pour résister à ce coup, s’il m’atteint. Mais ce qui m’arrive aujourd’hui, Charlotte, pouvais-je le prévoir ? Sa mère et sa sœur, que j’aime à cause de lui, me barrent le chevet de son lit !

Françoise se résigna en tournant toutes ses pensées vers l’attente de la guérison de Philippe. Elle faisait face courageusement à la crainte de l’arrestation. Chaque coup de sonnette les faisait tressaillir elle et Charlotte : on venait la chercher ! Souvent, derrière les rideaux des fenêtres, elles épiaient dans la rue.

Bientôt, rassurée par les bulletins toujours meilleurs de la santé d’AUart, Françoise songea, pour échapper à son autre inquiétude, à aller au-devant de ce dont elle se croyait menacée, et à solliciter la séparation, puisque Joachim ne bougeait pas et par là semblait lui