Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/329

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et, si elle était condamnée, l’être le moins gravement possible. Ce désir faisait tout son courage.

— Oh ! s’écria Charlotte, et tu es calme !

Elle joignit les mains sur son front.

— Quand je dirai la vérité, pourquoi ne me croirait-on pas ? dit Françoise avec force.

Son plaidoyer, qu’elle faisait mentalement déjà, lui semblait devoir être irrésistible.

— Mais, si tu n’allais plus revenir ! Oh ! tu ferais mieux de fuir, de te cacher !

Mais Françoise s’habilla rapidement. Elle se voyait là-bas, devant l’homme qui allait l’interroger ; elle supposait les questions, préparait ses réponses. Ce juge était désintéressé : il saurait discerner le vrai. Son devoir était d’écouter. Elle serait franche ; et puis elle aurait voulu à présent que, s’il fallait succomber, interrogatoire, procès, condamnation, tout se fît sur-le-champ, car, du fond de sa prison, elle attaquerait à son tour Joachim sans merci.

Charlotte, en larmes, la serra dans ses bras. Françoise était impatiente de connaître son sort et de le disputer à la chance adverse.

— Fais prévenir Philippe, pour qu’il ne soit pas surpris quand il se rétablira, dit-elle seulement.

À peine Mlle  Guay eut-elle vu son amie partir pour ce dur pèlerinage, qu’elle s’écria : Mon amitié sera donc toujours stérile, et je verrai les malheurs de Françoise sans pouvoir la secourir ? À qui m’adresser, à qui ?

Alors elle eut l’idée de recourir à la baronne. Et elle,