instincts, et il exploite les apparences actuelles, pour se venger des conseils, des services, des bienfaits qu’il a toujours reçus d’elle.
La baronne écouta, soucieuse, toutes ces paroles qui semblaient monter à l’assaut de son cœur refroidi pour Françoise.
— Et elle est arrêtée ! s’écria-t-elle enfin avec indignation.
— Elle est chez le juge d’instruction, maintenant même !
— Ah ! grand Dieu, reprit d’une voix précipitée la baronne, mais il est trop tard, peut-être. Que n’ai-je été prévenue ! Je ne le croyais pas capable d’une pareille ingratitude envers moi. Je ne sais si je puis pardonner à ma fille ; mais lui, je ne lui pardonnerai jamais.
— Et si on ne la laisse pas revenir ! dit Charlotte.
— Mais on ne peut faire si promptement des démarches ! Je ferai tout ce que je pourrai. C’est chez vous que ma fille s’est retirée ?
— Oui, madame la baronne, je suis Mlle Guay.
— Laissez-moi votre adresse. Faites-moi dire si Françoise est revenue. Ah ! mon Dieu, Joachim ! Personne ne m’a jamais fait autant de peine que lui, mademoiselle. Dites, faites dire à ma fille que si ce malheureux procès peut être arrêté, il le sera. Qu’elle prenne courage. Le plus sûr moyen serait de faire renoncer Joachim à sa plainte. Mais s’il est d’une aussi mauvaise nature… Enfin je tenterai. Je me mets en chemin à l’instant même.