naient, et elle avait l’habitude, les jours de réception, de s’habiller avant le dîner, afin d’être prête même pour les gens qui arrivent trop tôt.
Un petit fait jeta Joachim dans l’irritation. En inspectant les préparatifs de la soirée, il demanda à son valet de chambre si on avait fait prendre des cartes neuves.
— Madame n’a pas donné d’ordres, répondit le domestique.
— Il n’est pas besoin d’ordres ; quand les cartes ont servi, il faut les changer. Qu’on aille en acheter deux sixains.
Il alla aussitôt dans la chambre de sa femme.
— Pourquoi n’avez-vous pas fait acheter de cartes pour ce soir ? dit-il rudement.
Elle n’y avait nullement pensé, mais il lui était impossible de supporter le ton brutal de Joachim.
— Comptez-vous perdre encore 80,000 francs ce soir ? répondit-elle avec un air calme et dur.
Ce coup venait plus vite que ne s’y était attendu M. du Quesnoy et redoubla sa colère.
— Mais cinq cent mille s’il me plaît, dit-il ; ceci ne peut vous importer.
— Il est inutile que ma maison passe pour une maison de jeu.
— Ma maison sera ce qu’il me conviendra, dit Joachim.
— Je m’y opposerai dans votre propre intérêt.
— Vous êtes un bel échantillon de la prétention féminine ! Vous oubliez toujours que vous ne brillez