Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/49

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En s’habillant, toute leur querelle s’était retracée à elle, et l’indignation l’avait reprise.

— Vous êtes très bien ainsi, lui dit Joachim avec un sourire railleur et contracté.

Françoise éprouvait une grande volupté à le tenailler sans qu’il pût oser crier. Elle se regarda dans la glace, affectant d’arranger avec soin une branche, pleine de grâce coquette, de méchanceté provocatrice. Joachim en était stupéfait, ne comprenant pas où cette créature si peu aimable, si peu femme à son gré, avait pu prendre les raffinements savants dont usaient Mme d’Archeranges ou la vicomtesse Ballot, quand elles étaient en veine de tourmenter quelque malheureux. Il sentait ses mains se diriger d’elles-mêmes vers ces fleurs qu’il trouvait insolentes.

La porte du salon s’ouvrit et le valet de chambre s’avança pour annoncer. M. du Quesnoy, croyant voir entrer Niflart et Popeland, s’élança presque vers la porte. Mais ce fut Charles de Bertiny en face de qui il se trouva. Joachim ne comptait pas lui faire tant d’honneur et en eut de l’humeur.

Charles avait dix-huit ans ; mais une figure délicate et féminine, des yeux doux et un peu étonnés lui donnaient tellement l’apparence d’un enfant de quatorze à quinze ans, qu’il ne venait jamais à l’idée de le considérer et de le traiter comme un jeune homme.

Charles était pâle et troublé. M. du Quesnoy se dit que l’enfant apportait un danger et parlerait de Mme d’Archeranges devant sa femme. Il n’avait pas une minute de paix depuis le matin, et les gens sem-