Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/85

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passe-temps, de la comédie et du triomphe féminin, elle aussi. Mais sous le fouet de l’humiliation, ses cris de colère prenaient l’accent de la passion. Jamais elle n’avait parlé de la sorte.

Il crut à une passion profonde, et il fut flatté.

— Rose, vous avez tort ! s’écria-t-il soudain, je quitterai ma femme !

Elle le regarda avec étonnement et défiance.

— Vous ! dit-elle pour le défier et l’exciter.

— Moi ! dans quinze tours je serai en Allemagne et vous viendrez m’y rejoindre.

Soit qu’elle crût à une preuve de dévouement beaucoup plus complète que Joachim n’entendait la lui donner, soit que les nerfs fussent tendus à l’extrême, au lieu de répondre, elle éclata soudain en larmes dont M. du Quesnoy crut qu’on ne pourrait jamais arrêter le torrent.

— Il faut vous reposer, dit-il doucement.

Elle se jeta sur son lit.

Quand les pleurs eurent cessé, Rose resta assez longtemps dans une espèce de prostration, et, au milieu d’un profond silence, la bougie s’étant éteinte, Joachim entendait sa respiration entrecoupée.

Enfin elle murmura d’une voix plaintive

— Êtes-vous là, Joachim ?

— Vous êtes souffrante, répondit-il à voix basse, je veillerai auprès de vous.

Il était assis au chevet du lit et son souffle passa sur le front de Rose, tout près duquel étaient ses lèvres.