Page:Duras - Ourika et Édouard, I.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
OURIKA.

troduisit dans ce cloître, que nous traversâmes en marchant sur de longues pierres plates qui formaient le pavé de ces galeries : je m’aperçus que c’étaient des tombes, car elles portaient toutes des inscriptions pour la plupart effacées par le temps. Quelques-unes de ces pierres avaient été brisées pendant la révolution : la sœur me le fit remarquer en me disant qu’on n’avait pas encore eu le temps de les réparer. Je n’avais jamais vu l’intérieur d’un couvent ; ce spectacle était tout nouveau pour moi. Du cloître nous passâmes dans le jardin, où la religieuse me dit qu’on avait porté la sœur malade : en effet, je l’aperçus à l’extrémité d’une longue allée de charmille ; elle était assise, et son grand voile noir l’enveloppait presque tout entière. Voici le médecin, dit la sœur, et elle s’éloigna au même moment. Je m’approchai timidement, car mon cœur s’était serré en voyant ces tombes, et je me figurais que j’allais contempler une nouvelle victime des cloîtres, les préjugés de ma jeunesse venaient de se réveiller, et mon intérêt s’exaltait pour celle que j’allais visiter, en proportion du genre de malheur que je lui supposais. Elle se