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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/12

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ÉDOUARD.

Elle s’avança, et elle allait passer près du gradin sans me voir, lorsque le duc de L. me découvrit au fond de mon rideau, et m’appela en riant. Je descendis au bord du gradin ; car je ne voulais pas avoir l’air honteux d’être là. Madame de Nevers s’arrêta, et me dit : « Comment ! vous êtes ici ? — Oui, lui répondis-je, je n’ai pu résister au désir de vous voir danser ; j’en suis puni ; car j’espérais que vous ne me verriez pas. » Elle s’assit sur la banquette qui était devant le gradin, et je continuai à causer avec elle. Nous n’étions séparés que par la barrière qui isolait les spectateurs de la société : triste emblème de celle qui nous séparait pour toujours ! L’ambassadeur vint parler à madame de Nevers, et lui demanda qui j’étais. « C’est le fils de M. G., avec lequel je me rappelle que vous ayez dîné chez mon père, il y a environ un an, répondit-elle. — Je n’ai jamais rencontré un homme d’un esprit plus distingué, » dit l’ambassadeur. Et s’adressant à moi : « Je fais un reproche à madame de Nevers, dit-il, de ne m’avoir pas procuré le plaisir de vous avoir invité plus tôt. Quittez, je vous prie, cette mauvaise banquette, et venez avec nous. » Je fis le tour du gradin, et l’ambassadeur continuant : « La profession d’avocat est une des plus honorées en Angleterre, dit-il ; elle mène à tout. Le grand-chancelier actuel, lord D., a commencé par être un simple avocat, et il est aujourd’hui au