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ÉDOUARD.

à la fenêtre ; je vis de la lumière dans une tour qui formait l’un des angles du château. Cette lumière venait d’un cabinet d’étude qui dépendait de l’appartement de madame de Nevers. Un escalier tournant, pratiqué dans une tourelle, conduisait de la terrasse à ce cabinet. La porte était ouverte, je m’en rapprochai involontairement ; mais à peine eus-je franchi les premières marches que je m’arrêtai tout à coup. Que vais-je faire ? pensai-je ; lui déplaire, peut-être l’irriter ! Je m’assis sur les marches ; mais bientôt, entraîné par ma faiblesse, je montai plus haut. Je n’entrerai pas, me disais-je ; je resterai à la porte, je l’entendrai seulement, et je me sentirai près d’elle. Je m’assis sur la dernière marche, à l’entrée d’une petite pièce qui précédait le cabinet. Madame de Nevers était dans ce cabinet ! Bientôt je l’entendis marcher, puis s’arrêter, puis marcher encore ; mon cœur plein d’elle battait dans mon sein avec une affreuse violence. Je me levai, je me rassis, sans savoir ce que je voulais faire. En ce moment sa porte s’ouvrit : « Agathe, dit-elle, est-ce vous ? Non, répondis-je ; me pardonnerez-vous ? J’ai vu de la lumière dans ce cabinet, j’ai pensé que vous y étiez, mais je ne sais comment je suis ici. — Édouard, dit-elle, venez, j’allais vous écrire, il vaut mieux que je vous parle, et peut-être que j’aurais dû vous parler plus tôt. » Je vis qu’elle avait pleuré. — « Je suis bien coupa-