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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/46

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ÉDOUARD.

durerait son exil, et il n’était venu à Faverange que deux ou trois vieux amis, qui même n’y avaient fait que peu de séjour. M. le maréchal d’Olonne était en effet rappelé. Le duc de L. le lui annonça avec le bon cœur et la bonne grâce qu’il mettait à tout, et le prince d’Enrichemont recommença à dire toutes ces choses convenables que madame de Nevers ne pouvait lui pardonner. Il en avait toujours de prêtes pour la joie comme pour la douleur, et il n’en fut point avare en cette occasion. Il s’adressait plus particulièrement à madame de Nevers ; elle répondait en plaisantant ; la conversation s’animait entre eux, et je retrouvais ces anciennes souffrances que je ne connaissais plus depuis six mois ; seulement elles me paraissaient encore plus cruelles par le souvenir du bonheur dont j’avais joui près de madame de Nevers, seul en possession du moins de ce charme de sociabilité qui n’appartenait qu’à elle : à présent il fallait le partager avec ces nouveaux venus ; et pour que rien ne me manquât, je retrouvais encore leur politesse ; cérémonieuse de la part du prince d’Enrichemont, cordiale de la part du duc de L. ; mais enfin me faisant toujours ressouvenir, et de ce qu’ils étaient, et de ce que j’étais moi-même. La conversation s’établit sur les nouvelles de la société, sur Paris, sur Versailles. Il était simple que M. le maréchal d’Olonne fût curieux de savoir