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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/67

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ÉDOUARD.

dit-il, tu débutes bien dans la carrière, vraiment, je te fais mon compliment, tu es passé maître. Ma foi, nous sommes dans l’admiration, et Luceval et Berthenay prédisent que tu iras au plus loin. — Que voulez-vous dire, mon oncle ? lui demandais-je assez sérieusement. — Allons donc, dit-il, vas-tu faire le mystérieux ? Mon cher, le secret est bon pour les sots ; mais quand on vise haut, il faut de la publicité, et la plus grande. On n’a tout de bon que ce qui est bien constaté ; l’une est un moyen d’arriver à l’autre, et il faudra bientôt grossir la liste. — Je ne vous comprends pas, lui dis-je, et je ne conçois pas de quoi vous voulez parler. — Tu t’y es pris au mieux, continua-t-il sans m’écouter, tu as mis le temps à profit. Que diront les bégueules et les cagots ? Toutes les femmes voudront t’avoir. — M’avoir ! répétai-je : qu’est-ce que tout cela signifie ? — Tu es un beau garçon, je ne suis pas étonné que tu leur plaises : diable ! elles en ont de plus mal tournés. — Qui donc ? de quoi parlez-vous ? — Comment ! de quoi je parle ? Eh ! mais, mon cher, je parle de madame de Nevers. N’es-tu pas son amant ? tout Paris le dit. Ma foi, tu ne peux pas avoir une plus jolie femme et qui te fasse plus d’honneur. Il faut pousser ta pointe ; nous établirons le fait publiquement, et c’est là, Édouard, le chemin de la mode et de la fortune. Je sentis mon sang se glacer dans mes