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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/73

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ÉDOUARD.

en l’interrompant ; et essayant de reprendre des forces pour la scène que je prévoyais, je suivis M. le maréchal d’Olonne dans son appartement.

« Les explications sont inutiles entre nous, me dit M. le maréchal d’Olonne ; ma fille m’a tout avoué. Son amie, instruite plus tôt que moi des calomnies qu’on répandait sur elle, est venue de Hollande pour l’arracher de l’abîme où elle était prête à tomber. Je pense que vous n’ignorez pas le tort que vous avez fait à sa réputation ; votre conduite est d’autant plus coupable qu’il n’est pas en votre pouvoir de réparer le mal dont vous êtes cause. Je désire que vous partiez sur-le-champ ; je n’abandonnerai point le fils d’un ancien ami, quelque peu digne qu’il se soit montré de ma protection. J’obtiendrai pour vous une place de secrétaire d’ambassade dans une cour du Nord, vous pouvez y compter. Partez sans délai pour Lyon, et vous y attendrez votre nomination. — Je n’ai besoin de rien, monsieur, lui dis-je, permettez-moi de refuser vos offres ; demain je ne serai plus ici. — Où irez-vous ? me demanda-t-il. — Je n’en sais rien, répondis-je. — Quels sont vos projets ? — Je n’en ai point. — Mais que deviendrez-vous ? — Qu’importe ! — Ne croyez pas, Édouard, que l’amour soit toute la vie. — Je n’en désire point une autre, lui dis-je. — Ne perdez pas votre avenir. — Je n’ai plus d’avenir. — Malheureux ! que puis-je donc faire pour toi ?