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ÉDOUARD.

chambre, plus tard je vous parlerai. » Sa sécheresse, sa froideur aurait percé mon cœur, si j’avais pu penser à autre chose qu’à madame de Nevers mourante ; mais je n’entendais qu’à peine M. le maréchal d’Olonne, il me semblait que ma vie était comme en suspens, et ne tenait plus qu’à la sienne. La jeune femme se tourna vers moi ; je vis des larmes dans ses yeux. « Nathalie va vous voir quand elle reprendra connaissance, dit-elle, votre vue peut lui faire du mal. — Le croyez-vous ? lui dis-je, alors je vais sortir. » J’allai dans la pièce qui précédait le cabinet ; je ne pus aller plus avant ; je me jetai à genoux ; « Ô mon Dieu ! m’écriai-je, sauvez-la ! sauvez-la ! » Je ne pouvais répéter que ces seuls mots : Sauvez-la ! Bientôt j’entendis qu’elle reprenait connaissance ; on parlait, on s’agitait autour d’elle. Un vieux valet de chambre de madame de Nevers, qui la servait depuis son enfance, parut en ce moment ; me voyant là, il vint à moi. « Il faut rentrer chez vous, monsieur Édouard, me dit-il. Bon Dieu ! comme vous êtes pâle ! Pauvre jeune homme, vous vous tuez. Appuyez-vous sur moi, et regagnons votre chambre. » J’allais suivre ce conseil, lorsque M. le maréchal d’Olonne sortit de chez sa fille. « Encore ici ! dit-il d’une voix altérée. Suivez-moi, monsieur, j’ai à vous parler. » Il ne peut se soutenir, dit le vieillard. — Oui, je le puis, » dis-je