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Page:Duret - Critique d’avant-garde, 1885.djvu/91

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contesté, les gens du bel air, s’il les conduit au cabaret ou les promène dans un potager, font les dédaigneux et les offensés. « Enlevez-moi ces magots », disait Louis XIV en parlant des Buveurs de Téniers. Louis XVI collectionnait au contraire avec passion ces mêmes Buveurs. Pour l’un les tableaux sortaient des mains d’un vivant encore discuté, pour l’autre ils étaient dus à un mort définitivement consacré, auquel on ne croyait plus pouvoir rien reprocher. Qui songe à trouver mauvais que Rubens, dans sa Kermesse, fasse commettre à ses Flamands toutes les incongruités qui suivent l’abus des potations et de la mangeaille ? Quand Millet a peint sa toile Novembre, — un simple guéret fraîchement labouré, — le public est passé sans regarder, et les critiques, pour la plupart, ont trouvé le tableau par trop rustre et grossier ; aujourd’hui si l'on veut donner