et qu’elle est appelée à s’en affranchir complètement dans l’avenir. Ne répétons-nous pas sans cesse que nous voulons faire de nos enfants des hommes avant même que d’en faire des citoyens, et ne semble-t-il pas que notre qualité d’homme soit naturellement soustraire aux influences collectives puisqu’elle leur est logiquement antérieure ?
Et pourtant, ne serait-ce pas une sorte de miracle que l’éducation, après avoir eu pendant des siècles et dans toutes les sociétés connues tous les caractères d’une institution sociale, ait pu changer aussi complètement de nature ? Une pareille transformation paraîtra plus surprenante encore si l’on songe que le moment où elle se serait accomplie se trouve être précisément celui où l’éducation a commencé à devenir un véritable service public : car c’est depuis la fin du siècle dernier qu’on la voit, non seulement en France, mais dans toute l’Europe, tendre à se placer de plus en plus directement sous le contrôle et la direction de l’État. Sans doute, les fins qu’elle poursuit se détachent tous les jours davantage des conditions locales ou ethniques qui les particularisaient autrefois ; elles deviennent plus générales et plus abstraites. Mais elles n’en restent pas moins essentiellement collectives. N’est-ce pas, en effet, la collectivité qui nous les impose ? N’est-ce pas elle qui nous commande de développer avant tout chez nos enfants les qualités qui leur sont communes avec tous les hommes ? Il y a plus. Non seulement elle exerce sur nous par la voie de