Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/47

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que l’on s’est trompé sur la nature soit du but qu’il convient de poursuivre, soit des moyens qui permettent de l’atteindre. De ce point de vue, les éducations du passé apparaissent comme autant d’erreurs, totales ou partielles. Il n’y a donc pas à en tenir compte ; nous n’avons pas à nous solidariser avec les fautes d’observation ou de logique qu’ont pu faire nos devanciers ; mais nous pouvons et nous devons nous poser le problème, sans nous occuper des solutions qui en ont été données, c’est-à-dire que, laissant de côté tout ce qui a été, nous n’avons qu’à nous demander ce qui doit être. Les enseignements de l’histoire peuvent tout au plus servir à nous épargner la récidive des erreurs qui ont été commises.

Mais, en fait, chaque société, considérée à un moment déterminé de son développement, a un système d’éducation qui s’impose aux individus avec une force généralement irrésistible. Il est vain de croire que nous pouvons élever nos enfants comme nous voulons. Il y a des coutumes auxquelles nous sommes tenus de nous conformer ; si nous y dérogeons trop gravement, elles se vengent sur nos enfants. Ceux-ci, une fois adultes, ne se trouvent pas en état de vivre au milieu de leurs contemporains, avec lesquels ils ne sont pas en harmonie. Qu’ils aient été élevés d’après des idées ou trop archaïques ou trop prématurées, il n’importe ; dans un cas comme dans l’autre, ils ne sont pas de leur temps et, par conséquent, ils ne sont