Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

générales ; c’est quelque force d’attention, une certaine dose de persévérance, un jugement sain, de l’imagination, etc. Mais chacune de ces facultés peut servir à toute sorte de fins différentes. Un enfant doué d’une assez vive imagination pourra, selon les circonstances, selon les influences qui se feront sentir sur lui, devenir un peintre ou un poète, ou un ingénieur à l’esprit inventif, ou un hardi financier. L’écart est donc considérable entre les qualités naturelles et la forme spéciale qu’elles doivent prendre pour être utilisées dans la vie. C’est dire que l’avenir n’est pas étroitement prédéterminé par notre constitution congénitale. La raison en est facile à comprendre. Les seules formes d’activité qui puissent se transmettre héréditairement sont celles qui se répètent toujours d’une manière assez identique pour pouvoir se fixer sous une forme rigide dans les tissus de l’organisme. Or la vie humaine dépend de conditions multiples, complexes, et, par conséquent, changeantes ; il faut donc qu’elle-même change et se modifie sans cesse. Par suite, il est impossible qu’elle se cristallise sous une forme définie et définitive. Mais seules des dispositions très générales, très vagues, exprimant les caractères communs à toutes les expériences particulières, peuvent survivre et passer d’une génération à l’autre.

Dire que les caractères innés sont, pour la plupart, très généraux, c’est dire qu’ils sont très malléables, très souples, puisqu’ils peuvent recevoir des