Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/73

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déterminations très différentes. Entre les virtualités indécises qui constituent l’homme au moment où il vient de naître, et le personnage très défini qu’il doit devenir pour jouer dans la société un rôle utile, la distance est donc considérable. C’est cette distance que l’éducation doit faire parcourir à l’enfant. On voit qu’un vaste champ est ouvert à son action.

Mais, pour exercer cette action, a-t-elle des moyens d’une suffisante énergie ?

Pour donner une idée de ce qui constitue l’action éducative et en montrer la puissance, un psychologue contemporain, Guyau, l’a comparé à la suggestion hypnotique et le rapprochement n’est pas sans fondement.

La suggestion hypnotique suppose, en effet, les deux conditions suivantes : 1o L’état où se trouve le sujet hypnotisé se caractérise par son exceptionnelle passivité. L’esprit est presque réduit à l’état de table rase ; une sorte de vide a été réalisé dans la conscience ; la volonté est comme paralysée. Par suite, l’idée suggérée, ne rencontrant point d’idée contraire, peut s’installer avec un minimum de résistance ; 2o Cependant, comme le vide n’est jamais complet, il faut de plus que l’idée tienne de la suggestion elle-même une puissance d’action particulière. Pour cela, il est nécessaire que le magnétiseur parle sur un ton de commandement, avec autorité. Il faut qu’il dise : Je veux ; qu’il indique que le refus d’obéir n’est même pas con-