Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/83

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souvent aux sciences en train de naître et de se constituer d’embrasser assez confusément une pluralité d’objets différents ; c’est le cas, par exemple, de la géographie, de l’anthropologie, etc. Mais ce n’est jamais là qu’une phase transitoire dans le développement des sciences ;

3o Enfin, ces faits, la science les étudie pour les connaître, et seulement pour les connaître, d’une manière absolument désintéressée. Nous nous servons à dessein de ce mot un peu général et vague de connaître, sans préciser autrement en quoi peut consister la connaissance dite scientifique. Peu importe, en effet, que le savant s’attache à constituer des types plutôt qu’à découvrir des lois, qu’il se borne à décrire ou bien qu’il cherche à expliquer. La science commence dès que le savoir, quel qu’il soit, est recherché pour lui-même. Sans doute, le savant sait bien que ses découvertes seront vraisemblablement susceptibles d’être utilisées. Il peut même se faire qu’il dirige de préférence ses recherches sur tel ou tel point parce qu’il pressent qu’elles seront ainsi plus profitables, qu’elles permettront de satisfaire à des besoins urgents. Mais en tant qu’il se livre à l’investigation scientifique, il se désintéresse des conséquences pratiques. Il dit ce qui est ; il constate ce que sont les choses, et il s’en tient là. Il ne se préoccupe pas de savoir si les vérités qu’il découvre seront agréables ou déconcertantes, s’il est bon que les rapports qu’il établit restent ce qu’ils sont, ou s’il vaudrait mieux qu’ils