Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/84

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fussent autrement. Son rôle est d’exprimer le réel, non de le juger.

Ceci posé, il n’y a pas de raison pour que l’éducation ne devienne pas l’objet d’une recherche qui satisfasse à toutes ces conditions et qui, par conséquent, présente tous les caractères d’une science.

En effet l’éducation, en usage dans une société déterminée et considérée à un moment déterminé de son évolution, est un ensemble de pratiques, de manières de faire, de coutumes qui constituent des faits parfaitement définis et qui ont la même réalité que les autres faits sociaux. Ce ne sont pas, comme on l’a cru pendant longtemps, des combinaisons plus ou moins arbitraires et artificielles, qui ne doivent l’existence qu’à l’influence capricieuse de volontés toujours contingentes. Elles constituent, au contraire, de véritables institutions sociales. Il n’est pas d’homme qui puisse faire qu’une société ait, à un moment donné, un autre système d’éducation que celui qui est impliqué dans sa structure, de même qu’il est impossible à un organisme vivant d’avoir d’autres organes et d’autres fonctions que ceux qui sont impliqués dans sa constitution. Si, à toutes les raisons qui ont été données à l’appui de cette conception, il est nécessaire d’en ajouter de nouvelles, il suffit de prendre conscience de la force impérative avec laquelle ces pratiques s’imposent à nous. Il est vain de croire que nous élevons nos enfants comme nous voulons. Nous sommes forcés de suivre les règles qui