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CHAPITRE IV



LES FACTEURS SECONDAIRES (suite)




l’hérédité


Dans ce qui précède, nous avons raisonné comme si la division du travail ne dépendait que de causes sociales. Cependant elle est aussi liée à des conditions organico-psychiques. L’individu reçoit en naissant des goûts et des aptitudes qui le prédisposent à certaines fonctions plus qu’à d’autres, et ces prédispositions ont certainement une influence sur la manière dont les tâches se répartissent. D’après l’opinion la plus commune, il faudrait même voir dans cette diversité des natures la condition première de la division du travail, dont la principale raison d’être serait « de classer les individus suivant leurs capacités »[1]. Il est donc intéressant de déterminer quelle est au juste la part de ce facteur, d’autant plus qu’il constitue un nouvel obstacle à la variabilité individuelle et, par conséquent, aux progrès de la division du travail.

En effet, comme ces vocations natives nous sont transmises par nos ascendants, elles se réfèrent non pas aux conditions dans lesquelles l’individu se trouve actuellement placé, mais à celles où vivaient ses aïeux. Elles nous enchaînent donc à notre race, comme la conscience collective nous enchaînait à notre groupe, et entravent par suite la liberté de nos mouvements. Comme

  1. Stuart Mill, Économie politique.