Page:Durkheim - De la division du travail social.djvu/383

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dans nos grandes sociétés contemporaines. Dans l’Europe centrale, on trouve côte à côte toutes les variétés possibles de crânes, toutes les formes possibles de visages. Il en est de même du teint. D’après les observations faites par Virchow sur dix millions d’enfants pris dans différentes classes de l’Allemagne, le type blond, qui est caractéristique de la race germanique, n’a été observé que de 43 à 33 fois pour 100 dans le Nord ; de 32 à 25 fois dans le Centre et de 24 à 18 dans le Sud[1]. On s’explique que, dans ces conditions qui vont toujours en empirant, l’anthropologiste ne puisse guère constituer de types nettement définis.

Les récentes recherches de M. Galton confirment, en même temps qu’elles permettent de l’expliquer, cet affaiblissement de l’influence héréditaire[2].

D’après cet auteur, dont les observations et les calculs paraissent difficilement réfutables, les seuls caractères qui se transmettent régulièrement et intégralement par l’hérédité dans un groupe social donné sont ceux dont la réunion constitue le type moyen. Ainsi, un fils né de parents exceptionnellement grands n’aura pas leur taille, mais se rapprochera davantage de la médiocrité. Inversement, s’ils sont trop petits, il sera plus grand qu’eux. M. Galton a même pu mesurer, au moins d’une manière approchée, ce rapport de déviation. Si l’on convient d’appeler parent moyen un être composite qui représenterait la moyenne des deux parents réels (les caractères de la femme sont transposés de manière à pouvoir être comparés à ceux du père, additionnés et divisés ensemble), la déviation du fils, par rapport à cet étalon fixe, sera les deux tiers de celle du père[3].

M. Galton n’a pas seulement établi cette loi pour la taille,

  1. Wagner, Die Kulturzüchtung des Menschen, in Kosmos, 1886 ; Heft, p. 27.
  2. Natural Inheritance. London, 1889.
  3. Op. cit., 101.