Or, bien loin que cette identité soit la loi, on voit, au contraire, même des caractères physiques aussi simples que la taille moyenne ou la couleur moyenne des yeux changer peu à peu, quoique très lentement[1]. La vérité, c’est que, s’il se produit dans le milieu des changements qui durent, les modifications organiques et psychiques qui en résultent finissent par se fixer et s’intégrer dans le type moyen qui évolue. Les variations qui s’y produisent chemin faisant ne sauraient donc avoir le même degré de transmissibilité que les éléments qui s’y répètent constamment.
Le type moyen résulte de la superposition des types individuels et exprime ce qu’ils ont le plus en commun. Par conséquent, les traits dont il est formé sont d’autant plus définis qu’ils se répètent plus identiquement chez les différents membres du groupe ; car, quand cette identité est complète, ils s’y retrouvent intégralement avec tous leurs caractères et jusque dans leurs nuances. Au contraire, quand ils varient d’un individu à l’autre, comme les points par où ils coïncident sont plus rares, ce qui en subsiste dans le type moyen se réduit à des linéaments d’autant plus généraux que les différences sont plus grandes. Or, nous savons que les dissemblances individuelles vont en se multipliant, c’est-à-dire que les éléments constitutifs du type moyen se diversifient davantage. Ce type lui-même doit donc comprendre moins de traits déterminés et cela d’autant plus que la société est plus différenciée. L’homme moyen prend une physionomie de moins en moins nette et accusée, un aspect plus schématique. C’est une abstraction de plus en plus difficile à fixer et à délimiter. D’autre part, plus les sociétés appartiennent à une espèce élevée, plus elles évoluent rapidement, puisque la tradition devient plus souple, comme nous l’avons établi. Le type moyen change donc d’une génération à l’autre. Par conséquent, le type doublement composé qui résulte de la superposition de tous ces types
- ↑ V. Arréat, Récents travaux sur l’hérédité, in Rev. phil., avril 1890, p. 414.