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Page:Durkheim - Le Suicide, Alcan, 1897.djvu/170

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LE SUICIDE. Nous voyons donc sans regret certains pays comme T'Angle- terre et l’Autriche renoncer à recueillir ces prétendues causes de suicide. C’est d’un tout autre côté que doivent se porter les efforts de la statistique. Au lieu de chercher à résoudre ces insolubles problèmes de casuistique morale, qu’elle s’attache à noter avec plus de soin les concomitants sociaux du suicide. En tout cas, pour nous, nous nous faisons une règle de ne pas faire intervenir dans nos recherches des renseignements aussi douteux que faiblement instructifs ; en fait, les suicidographes n’ont jamais réussi à en tirer aucune loi intéressante. Nous n’y recourrons donc qu’accidentellement, quand ils nous paraî- tront avoir une signification spéciale et présenter des garanties particulières. Sans nous préoccuper de savoir sous quelles formes peuvent se traduire chez les sujets particuliers les causes productrices du suicide, nous allons directement tâcher de déterminer ces dernières. Pour cela, laissant de côté, pour ainsi dire, l’individu en tant qu’individu, ses mobiles et ses idées, nous nous demanderons immédiatement quels sont les états des différents milieux sociaux (confessions religieuses, famille, société politique, groupes professionnels, etc.), en fonc- tion desquels varie le suicide. C’est seulement ensuite que, revenant aux individus, nous chercherons comment ces causes générales s’individualisent pour produire les effets homiicides qu’elles impliquent.