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Page:Durkheim - Le Suicide, Alcan, 1897.djvu/285

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LE SUICIDE ALTRUISTE. 263 base d’actes que tout le monde regarde comme moraux. Mais en est-il autrement du suicide égoïste? Le sentiment de Tauto- nomie individuelle n’a-t-il pas sa moralité comme le sentiment contraire? Si celui-ci est la condition d’un certain courage, s’il affermit les cœurs et va même jiisgu’à les endurcir, l’autre les attendrit et les ouvre à la pitié^i, là ou règne le suicide altruiste, l’homme est toujours prêt à donner sa vie, en revanche, il ne fait pas plus de cas de celle d’autruiJjVu contraire, là où il met tellemeîit haut la personnalité individuelle qu’il n’aperçoit plus aucune fin qui la dépasse, il la respecte chez les autres. Le culte qu’il a pour elle fait qu’il souffre de tout ce qui peut la diminuer même chez ses semblables. Une plus large sym- pathie pour la souffrance humaine succède aux dévouements fanatiques des temps primitifs. Chaque sorte de suicide n’est donc que la forme exagérée ou déviée d’une vertu. Mais alors la manière dont ils affectent la conscience morale ne les diffé- rencie pas assez pour qu’on ait le droit d’en faire autant de genres séparés.