Page:Durkheim - Le Suicide, Alcan, 1897.djvu/435

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413 CHAPITRE III Conséquences pratiques. Maintenant que nous savons ce qu’est le suicide , quelles en sont les espèces et les lois principales, il nous faut rechercher quelle attitude les sociétés actuelles doivent adopter à son égard. Mais cette question elle-même en suppose une autre. L’état présent du suicide chez les peuples civilisés doit-il être consi- déré comme normal ou anormal? En effet, selon la solution à la- quelle on se rangera, on trouvera ou que des réformes sont nécessaires et possibles en vue de le réfréner, ou bien, au con- traire, qu’il convient de Taccepter tel qu’il est, tout en le blâ- mant. I. On s’étonnera peut-être que la question puisse être posée. Nous sommes, en effet, habitués à regarder comme anonmal tout ce qui est immoral. Si donc, comme nous l’avons étaWi, le suicide froisse la conscience morale, il semble impossible de n’y pas voir un phénomène de pathologie sociale. Mais nous avons fait voir ailleurs W que même la forme éminente de TimmoraHté, à savoir le crime, ne devait pas être nécessairement classée au rang des manifestations morbides. Cette afBrmation a, il est vrai, déconcerté certains esprits et il a pu paraître à un examen superficiel qu’elle ébranlait les fondements de la morale. Elle n’a, pourtant, rien de subversif. Il suffit, pour s’en convaincre, (1) V. Règles de la Méthode sociologique, chap. m.