tion ne sont pas purement hallucinatoires. On voit que cette question, tant de fois agitée, est soluble sans qu’il soit nécessaire de soulever le problème de la liberté. Pour savoir si tous les suicidés sont des fous, nous ne nous sommes pas demandé s’ils agissent librement ou non ; nous nous sommes uniquement fondé sur les caractères empiriques que présentent à l’observation les différentes sortes de morts volontaires.
Puisque les suicides d’aliénés ne sont pas tout le genre, mais n’en représentent qu’une variété, les états psychopathiques qui constituent l’aliénation mentale ne peuvent rendre compte du penchant collectif au suicide, dans sa généralité. Mais, entre l’aliénation mentale proprement dite et le parfait équilibre de l’intelligence, il existe toute une série d’intermédiaires : ce sont les anomalies diverses que l’on réunit d’ordinaire sous le nom commun de neurasthénie. Il y a donc lieu de rechercher si, à défaut de la folie, elles ne jouent pas un rôle important dans la genèse du phénomène qui nous occupe.
C’est l’existence même du suicide vésanique qui pose la question. En effet, si une perversion profonde du système nerveux suffit à créer de toutes pièces le suicide, une perversion moindre doit, à un moindre degré, exercer la même influence. La neurasthénie est une sorte de folie rudimentaire ; elle doit donc avoir, en partie, les mêmes effets. Or elle est un état beaucoup plus répandu que la vésanie ; elle va même de plus en plus en se généralisant. Il peut donc se faire que l’ensemble d’anomalies qu’on appelle ainsi soit l’un des facteurs en fonction desquels varie le taux des suicides.
On comprend, d’ailleurs, que la neurasthénie puisse prédisposer au suicide ; car les neurasthéniques sont, par leur tempérament, comme prédestinés à la souffrance. On sait, en effets
que la douleur, en général, résulte d’un ébranlement trop fort