Page:Durkheim - Les Formes élémentaires de la vie religieuse.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chapitre II

LES CROYANCES PROPREMENT TOTÉMIQUES
(Fin)

IV. — Le totem individuel et le totem sexuel

Dans ce qui précède, nous n’avons étudié le totémisme que comme une institution publique : les seuls totems dont il ait été jusqu’à présent question étaient la chose commune d’un clan, d’une phratrie ou, en un sens, de la tribu[1] ; l’individu n’y avait part que comme membre du groupe. Mais nous savons qu’il n’y a pas de religion qui n’ait un aspect individuel. Cette observation générale s’applique au totémisme. À côté des totems impersonnels et collectifs qui sont au premier plan, il en est d’autres qui sont propres à chaque individu, qui expriment sa personnalité et dont il célèbre le culte en son particulier.

I

Dans quelques tribus australiennes et dans la plupart des sociétés indiennes de l’Amérique du Nord[2], chaque individu soutient personnellement avec une chose déterminée un rapport comparable à celui que chaque clan soutient avec son totem. Cette chose est parfois un être ina-

  1. Les totems sont choses de la tribu en ce sens qu’elle est intéressée tout entière au culte que chaque clan doit à son totem.
  2. Frazer a fait un relevé très complet des textes relatifs au totémisme individuel dans l’Amérique du Nord (Totemism and Exogamy, III, p. 370-456).