Page:Durkheim - Les Formes élémentaires de la vie religieuse.djvu/512

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

représentent le buisson unchalka sur lequel cette chenille vit au début de son existence ; puis ils couvrent un bouclier de cercles concentriques de duvet qui figurent une autre sorte de buisson sur lequel l’insecte, une fois adulte, dépose ses œufs. Quand ces préparatifs sont terminés, tous s’assoient par terre de manière à former un demi-cercle qui fait face à l’officiant principal. Celui-ci, alternativement, courbe son corps en deux en l’inclinant vers le sol et se soulève sur les genoux ; en même temps, il agite ses bras étendus, ce qui est une manière de représenter les ailes de l’insecte. De temps en temps, il se penche par-dessus le bouclier, imitant la façon dont le papillon voltige au-dessus des arbres où il pose ses œufs. Cette cérémonie achevée, une autre recommence à un endroit différent où l’on se rend en silence. Cette fois on emploie deux boucliers. Sur l’un, sont représentées, par des lignes en zig-zag, les traces de la chenille ; sur l’autre, des cercles concentriques, de dimensions inégales, figurent, les uns les œufs de l’insecte, les autres, les semences du buisson d’Éremophile sur lequel il se nourrit. Comme dans la première cérémonie, tout le monde s’assoit en silence tandis que l’officiant s’agite, imitant les mouvements de l’animal quand il quitte sa chrysalide et qu’il s’efforce de prendre son vol.

Spencer et Gillen signalent encore, chez les Arunta, quelques faits analogues quoique de moindre importance : par exemple, dans l’Intichiuma de l’Émou, les acteurs, à un moment donné, cherchent à reproduire par leur attitude l’air et l’aspect de cet oiseau[1] ; dans un Intichiuma de l’eau, les gens du totem font entendre le cri caractéristique du pluvier, cri qui est naturellement associé dans les esprits avec la saison des pluies[2]. Mais en somme, les cas de rites mimétiques qu’ont notés ces deux explorateurs sont assez peu

  1. Nat. Tr., p. 182.
  2. Ibid., p. 193.