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Page:Durkheim - Qui a voulu la guerre ?.djvu/33

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Vienne et d’inviter amicalement le Gouvernement autrichien à « s’engager dans cette voie de conciliation », M. de Jagow répondit « qu’il ne pouvait pas conseiller à l’Autriche de céder »[1]. Aussi l’Autriche ne fit-elle rien pour entrer dans les vues de la Russie. Un premier entretien avait eu lieu, à titre purement privé, entre M. Sazonoff et l’ambassadeur autrichien, et les résultats en avaient paru satisfaisants : on était tombé virtuellement d’accord sur la nature des garanties qui pourraient être légitimement réclamées de la Serbie[2]. Dans ces conditions, M. Sazonoff demanda au comte Berchtold d’envoyer à son ambassadeur des pouvoirs réguliers et des instructions afin que la conversation commencée pût se poursuivre officiellement. Mais, le 28, M. Sazonoff n’avait pas encore de réponse et commençait à se rendre compte que « l’Autriche ne voulait pas causer »[3]. En fait, au même moment, le comte Berchtold informait l’ambassadeur russe à Vienne qu’il ne saurait entrer en discussion sur les termes de la note autrichienne[4]. C’était décliner le principe même des pourparlers[5].

Au reste, ce même jour, se produisait l’événement qu’on voulait prévenir ou retarder. Après la rupture des relations diplomatiques, l’Autriche s’était bornée à mobiliser : elle laissait même entrevoir que les hostilités ne commenceraient pas tout de suite. Or, le 28, comme si l’on avait voulu couper court aux négociations qui se poursuivaient, la guerre était déclarée et les opérations militaires commençaient aussitôt[6]. Cette décision était d’autant plus regrettable que, ce même 28 juillet, le chargé d’affaires serbe à Rome faisait, auprès du ministre italien des Affaires étrangères, une démarche qui était de nature à faciliter la paix. « Si, disait-il, quelques explications étaient données sur la modalité selon

  1. L. O., no 38.
  2. L. O., no 32 ; Cor. B., no 56.
  3. L. J., no 82.
  4. Cor. B., no 61.
  5. L. O., no 50.
  6. Déjà avant la déclaration de guerre, les Autrichiens avaient tiré sur deux vapeurs serbes et les avaient endommagés : deux navires marchands serbes avaient été capturés par un monitor hongrois (Cor. B., no 65.