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amour vainqueur

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La poésie incluse se lisait ainsi :

Ô jeunesse aux grands yeux, jeunesse aux cheveux blonds,
Qui poses, dès l’aurore, un pied, dans la rosée ;
Dame du clair matin, pareille à l’épousée,
Que le Seigneur amène au son des violons.

Toi qui vas les bras nus, les tresses dénouées,
Rieuse à travers l’ombre, et la nuit, et le vent ;
Toi qui pour diadème, as le soleil levant,
Et dont la robe rose est faite de nuées.

Que ton charme est puissant et doux ! Les plus hardis
Fléchissant le genou, t’adorent en silence ;
Pur comme l’encensoir qu’une vierge balance,
Le ciel se teint pour toi d’un bleu de Paradis ;

Et dans le pays vert où ta grâce ingénue
Sous le baiser d’avril éclate en liberté
Pleins d’allégresse et fous de ta beauté,
Les oiseaux par milliers, célèbrent ta venue.

Ta sveltesse ineffable est celle du bouleau,
Ta voix nous berce ainsi qu’une chanson lointaine ;
Comme un lys qui s’effeuille au bord d’une fontaine,
Ton corps délicieux a la fraîcheur de l’eau

Tu ressembles parfois à la biche craintive.
Qui, l’oreille aux aguets sent venir le chasseur ;
Ta bouche, au clair de lune, a l’étrange douceur,
De la belle-de-nuit et de la sensitive.
 
Parfois, lasse d’avoir suivi les papillons,
Tu mires ton visage à la source des fées,
Et l’odeur des lilas t’arrive par bouffées,
Dans la brise qui vague et le chant des grillons.

Et puis comme Diane errant par la clairière,
Le carquois sur l’épaule avec ses lévriers,
Sur un fond d’azur pâle et de genévriers,
Tu resplendis, superbe et chaste, ô guerrière.
 
Telle je t’aperçus pour la première fois
Dans le brouillard léger de l’aube qui se lève,
À cette heure où la vie est comme un divin rêve,
Que traverse un soupir de flûte ou de hautbois.

Près du ruisseau d’argent, dans la forêt mystique,
Où tremble, vers le soir, un chant de volupté ;
Près des cascades d’or, dans le cirque enchanté ;
Ton appel virginal était comme un cantique.

Enfant émerveillé, j’allais par le chemin ;
Je regardais danser le soleil sur la mousse,
Adorable et terrible, éblouissante et douce,
Tu m’apparus, jeunesse, une rose à la main !