sonnes s’étaient reconnues : les eaux du lac Témiscamingue les avaient bercés jadis, et la destinée les faisait rencontrer dans une circonstance aussi tragique, après que tant de démarches faites par l’un et l’autre, avaient toujours été infructueuses ; ce que la volonté réciproque n’avait pu leur procurer, la destinée le leur rendit. Rogers que la maladie avait forcé de quitter le Séminaire était devenu avocat ; c’est lui qui alors libérait son amie des mains de ces scélérats et qui sauvait la vie à celle qu’il avait tant aimée et avec qui, il avait passé cette soirée, où il lui avait été donnée de goûter pour la première fois, les douceurs, de baisers d’une jeune fille qui n’en avait jamais reçus !
Cette scène du Lac Témiscamingue lui rappelait un souvenir qui le faisait pleurer de joie et en même temps traçait dans cette âme de débutant dans la vie réelle, des impressions si profondes qu’elles furent pour lui, dans toute sa vie depuis, une source de considérations parmi lesquelles une absolue résignation en la volonté de Dieu.
Lui, l’appelait Ninie ! Elle l’appelait Rogers !
Tous ses souvenirs de jeunesse se présentaient à son esprit, quand il reconnut la jeune fille qui était suspendue à son cou et qui l’appelait son Sauveur, avec Alfred de Musset il pouvait se dire :
Un soir, nous étions seuls, j’étais assis près d’elle ; |