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amour vainqueur

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ne fut pas sa surprise quand il apparut et vit derrière la grille, une jeune fille qui se présenta à lui : Comment, te portes-tu, Ninie, lui dit-il ? très bien, répondit-elle, contente de le voir ferme et résolu à combattre !

Quelques minutes s’écoulèrent et les deux amoureux plutôt occupés à se maîtriser qu’à se communiquer leurs pensées et leurs sentiments, restèrent silencieux.

Après de longs et significatifs regards, ils s’échangèrent quelques paroles pour témoigner l’ennui de leur séparation. Rogers ressentait tout ce que l’âme de Ninie voulait lui dire. Elle ne pouvait pas rester insensible, à tout ce que cette figure pâlie et ferme, lui causait d’impressions.

Les deux âmes s’étaient comprises.

Elle dissimula cependant, facilement, toute l’émotion qu’elle ressentait, en lui promettant de venir le voir, deux fois par semaine.

Rogers, ne put comprimer tous les sentiments de joie qu’il éprouva, à la vue de cette jeune fille qui, comme la colombe, apportant à Noé, la branche d’olivier, lui apportait avec la permission du garde, la lettre de son avocat qui lui disait que l’Appel était accordé.

Ninie sortit son mouchoir, le posa sur ses yeux, et retournant ses regards vers Rogers : Au revoir, lui dit-elle, à voix basse, à bientôt ! et lui désignant du doigt, un paquet qu’elle laissait sous la direction du garde, elle lui dit en se retirant : c’est pour toi.

Les corridors retentirent de l’écho des pas des amoureux qui se séparaient en silence, et Rogers sous la conduite du garde M. Caouette, un honnête et bon garçon, sympathique et généreux, se dirigea vers sa cellule.

Quelques jours après, le jeudi après-midi, (Rogers n’avait pas encore vu quel temps il faisait) on l’appelait de nouveau, au parloir ; Ninie l’attendait, toute vêtue de noire, elle fixa ses grands yeux sur la figure de Rogers, pour s’assurer s’il avait eu de la peine. Elle constata avec joie qu’il était de bonne humeur.