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amour vainqueur

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Puis-je faire quelque chose pour toi ? mon ami ? Je comprends que tu n’as pas reçu de visites souvent ; car il en arrive ainsi, dans la vie ; ceux que tu as nourris du fruit de ton travail, sont et seront peut-être les premiers à te calomnier ; Alors même qu’ils sont en tort ; mais puis-je faire quelque chose pour toi ? Oui, ma chère amie ; il me répugne de te demander ce sacrifice ; mais, vois-tu, ici, en la prison de Bordeaux, nous n’avons pas la permission de téléphoner, pas même à nos avocats. Quel est donc ce sacrifice ? Ma chère Ninie, je crains que ma mère ne souffre énormément de me voir en prison ! Elle peut croire que je suis un criminel ! Veux-tu te rendre auprès d’elle, lui expliquer l’affaire, la rassurer que je triompherai ! Oui, répliqua Ninie, j’irai la voir, et elle sera heureuse d’avoir de ma bouche même, des explications sincères !

Les portes se refermèrent ! Des sanglots éclataient des deux côtés !

Ninie revint, au jour qu’elle lui avait promis ; elle revit Rogers toujours ferme, mais anxieux d’avoir des nouvelles.

Elle put converser avec lui pendant dix minutes environ, profitant du bonheur qu’elle avait de lui remettre une petite boîte de divers articles qu’elle croyait lui être utiles, elle lui signifia d’un regard que quelque chose pouvait l’intéresser.

Arrivé dans sa cellule, il ouvrit, en présence du garde, ce qu’il lui était destiné ; il découvrit après le départ de celui-ci, une petite lettre ainsi conçue :

Mon cher ami.

J’étais triste de voir, que je n’aie pu te glisser ma lettre, mardi dernier ; d’un autre côté, je m’en réjouis ; car je suis en train, ce soir, de te la rendre plus intéressante, tout en méditant un moyen ingénu de te la faire parvenir, cette fois-ci.

Si je réussis, tant mieux ! Si l’on découvre ma ruse tant mieux, répéterai-je encore ! Et alors, on me détiendra là, à tes côtés, près de toi, j’espère ! Au moins, je ne souffrirai pas tant de ton absence ! Pouvoir partager ta captivité, même tout endurer pour toi, serait ma plus grande joie ! Je souffre énormément de te voir captif. Veuille croire combien j’ai été malheureuse et combien j’ai souffert de ne pas avoir reçu de tes nouvelles depuis