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amour vainqueur

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et lui avait fait passer bien des nuits dans l’insomnie ! Aux échos de son âme restreinte, elle répétait : je suis vengée ! je suis satisfaite !

Harry se montra empressé, dans les débuts de la vie matrimoniale, auprès d’Anita ; il redoublait ses attentions faisait quelques voyages, mais rarement, et semblait sourire à l’avenir qui se déroulait brillant devant leurs illusions.

C’est alors que sa jeune épouse donna naissance à un enfant qu’ils appelèrent Frédérick ; ce petit ange était venu jeter un nouveau rayon de joie, au foyer. La grand’maman, Mde Mitchell, semblait rajeunir au sourire et aux accents de cette petite voix enfantine ; mais par suite des émotions et du trouble qu’elle avait eus, en apprenant la conduite déréglée de son fils qui insensiblement avait donné dans les vices de l’ivrognerie et des jeux de hasard, elle se sentit vieillir ! Son cœur toujours tendre, bon, sympathique, faisait régner la paix, dans cette maison qui bientôt ne deviendrait que la proie du malheur et du déshonneur ! Sa santé diminuait chaque jour ; aux fatigues endurées vint s’ajouter une inquiétude mortelle qui la mina secrètement. Harry était la cause de son profond chagrin, par ses désordres ! Elle l’avait surpris, plusieurs fois, pensif, l’œil hagard, et le sourcil froncé, comme méditant l’exécution d’un projet coupable ! elle avait, plus d’une fois, remarqué ses absences prolongées, de la maison où Anita, laissée seule, sentait le découragement s’emparer d’elle. Sa douleur augmenta, lorsqu’elle constata, à maintes reprises, que son esprit était troublé, non seulement par le genre d’affaires dans lequel il s’était lancé, mais aussi, hélas ! par sa conduite désordonnée et adonnée à la boisson ! Ce n’était plus Harry ! Ce n’était plus le chic garçon d’autrefois, dont la distinction dans ses manières, faisait l’admiration de ses amis et la joie de sa mère !

Elle pleura amèrement, sur les désordres de son fils ; ses forces diminuèrent, à vue d’œil ; bientôt, elle se vit couchée sur un lit de douleurs.

Un soir, Harry entra plus abruti encore, qu’à l’ordinaire ; attiré vers la chambre de sa mère par des sons de voix étrangères, il accourut directement, silencieux, auprès d’elle ; à la vue