Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
amour vainqueur

Il n’est pas de départ qui ne cause des chagrins ; le mien me coûtera bien des larmes, je le sais ; car il me faut, je le sais, suspendre mes amitiés et amour de cœur de jeune fille ; il me faut me séparer de mon cher père qui a été si bon pour moi, et de ma chère mère qui a toujours veillé sur toute ma personne avec une sollicitude vraiment extraordinaire ; il me faudra me priver de la joie de voir toutes ces bonnes figures que je vois réunies autour de moi.

Mais, veuillez croire que je n’oublierai jamais ! Oh ! non, jamais, cette petite soirée où je goûte tant de bonheur !

Animée du désir de connaître l’audelà de ces montagnes je veux me faire instruire et acquérir de vastes connaissances.

Biens chers Parents et Amis, je vous remercie du plus profond de mon cœur, de ces marques de confiance au succès de mes études, de vos bons souhaits et aussi des sympathies et de l’estime que vous me témoignez.

Je n’étais peut-être pas digne de tant de considération, mais je veux en retourner le mérite à mes chers parents qui par l’estime dont ils jouissent dans notre petit village de Guigues ont su m’attirer tant d’honneur.

Avec l’assurance de ma vive reconnaissance je vous prie d’accepter mes remerciments, les plus sincères, et les vœux que je forme pour votre bonheur.

Après cette adresse, les jeunes convives commencèrent à exécuter des tours de valse ; Ninie comme absorbée dans de tristes réflexions, devenait tantôt joyeuse, tantôt triste ; son âme était en proie à lutter contre les impressions que lui avaient créées, les paroles contenues dans l’adresse, et les mots qu’elle avait été spontanément appelée à y répondre.

La peine qu’elle ressentait à tout quitter, la violence qu’elle devait faire à son pauvre cœur, encore peu habitué aux sacrifices, lui présentaient à l’esprit, l’idée de renoncer à son projet.

Pendant que tout le monde s’amusait, les uns à chanter, les autres à danser, Rogers qui avait retiré Ninie à l’écart, lui dit : « Ninie, » ma chère amie, es-tu toujours bien décidée à partir encore pour un voyage si lointain ? Oui, mon cher, car mes études ne sont pas terminées ; malgré que j’éprouve beaucoup de